Le chemin

Photo © Thierry Bellaiche

Saint-Jacques-de-la-Lande, Ille-et-Vilaine, 2016.

 

À Pascal (le sobre) et à Pascal (l’autre…), en souvenir de pêches plus ou moins miraculeuses…

 

 

 

Par-dessus tout, j’aime ce qui se trouve, ou ne se trouve pas, au bout indevinable d’un chemin.

Par-dessus tout, j’aime l’espace vivant et frémissant qui sépare le point du départ et celui – toujours provisoire – de l’arrivée.

Par-dessus tout, j’aime les ombrages naturels sur terre quand le soleil plonge le ciel en enfer.

Par-dessus-tout, j’aime, sur les chemins, l’herbe grasse, fraîche, simple comme le baiser d’une mère.

Par-dessus tout, j’aime me souvenir des impressions laissées par la poésie qui était entrée en nous comme une eau fraîche par grand-soif.

Par-dessus tout, j’aime – et j’aime me rappeler – la simplicité miraculeuse des impressions de A. O. Barnabooth, naturellement transformées en poésie.

Par-dessus tout, j’aime le bruit lointain du tonnerre quand l’orage n’a pas encore pleuré sur la terre, et que ses nuages noirs demeurent encore invisibles.

Par-dessus-tout, j’aime la simplicité surnaturelle d’un chemin de verdure consacré par de modestes et majestueuses haies de feuillages.

Par-dessus tout, j’aime deviner la présence de l’eau d’un étang aux abords aveuglés de ce chemin.

Par-dessus-tout, j’aime l’immédiate plongée hors du temps commun à laquelle nous convie ce chemin.

Par-dessus tout, j’aime l’éternité provisoire que m’offre la solitude dans un chemin de campagne.

Par-dessus tout, j’aime le silence saturé de sons secrets qui baigne ce chemin.

Par-dessus tout, j’aime les parfums non reproductibles celés dans ces seuls chemins.

Par-dessus tout, j’aime les chemins sans bifurcation, car ce sont des chemins sans l’angoisse du choix.

Par-dessus tout, j’aime épuiser une image avec des mots qui rejoignent l’atmosphère invisible, et l’oubli.

 

Par-dessus tout, je déteste quitter ce chemin et arrêter d’écrire.

 


 

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