La gayté ou l’écho d’Orlando

Photos © Thierry Bellaiche. Cliquez sur les flèches pour le défilement des photos.

 

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En revoyant ces photos que j’avais prises à la Gay Pride il y a quelques années à Paris, je suis tout d’abord frappé (comme je l’avais été, bien entendu, en la vivant avec tous les participants) par les couleurs, les sourires, l’inventivité, la décontraction, la légèreté, la liberté qui se dégagent de cette manifestation – mot à prendre d’ailleurs, en l’occurrence, dans son sens le plus immédiat et le plus individualisé : chaque personne se manifeste dans sa singularité, dans une forme d’irréductible liberté, et non pas seulement pour former avec les autres un troupeau revendicatif homogène ou uniforme.

 

En revoyant ces photos, je me dis que ce que j’avais aimé fondamentalement dans ce moment et dans cette foule, c’était qu’on n’y sentait pour ainsi dire aucune idéologie particulière, ou alors il faudrait salir de ce terme rance des notions telles que la liberté, l’amour, le plaisir entre adultes consentants, toutes choses qui si elles peuvent aussi (je ne suis pas naïf sur ce point) faire l’objet de récupérations idéologiques, me semblent être toutefois avant tout l’expression spontanée de besoins humains essentiels, et c’est précisément ce que l’on voyait, ce que l’on « palpait », ce qui débordait de toute part ce jour-là.

 

En revoyant ces photos, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a manifestation et manifestation, manifestants et manifestants. Là, du plein jour, du mouvement, de l’exubérance, des couleurs vives, de la bonne vraie déconne, de la vraie fête (au moins à égalité avec les « revendications »), de l’accueil bienveillant, le sens quasi enfantin du jeu et de la liberté. Ailleurs, des idées bien arrêtées, des ombres flottantes faussement festives, de la bile, de l’atrabile et de l’ultrabile, de la nuit « debout » mais piétinante, ronchonnante, ressassante, insultante, uniforme, sectaire, se prévalant des valeurs d’ « émancipation » pour mieux touiller à longueur de temps dans son sang noir ses propres remugles de frustration et de haine. Toutes les « causes » ont leurs raisons, c’est entendu. Mais elles ont aussi leur façon d’être et de se diffuser, leurs signaux, et ceux-ci ne trompent pas davantage que leur contenu. Je préfèrerai toujours des trans (et des transes) multicolores et rieurs qui ne se prennent pas trop au sérieux à tous les sombres sires qui pensent détenir la clé de la Vérité, fût-ce dans l’austère veille nocturne.

 

En revoyant ces photos, je pense enfin au Pulse d’Orlando, où des personnes de tous âges, comme celles de Paris, n’aspiraient qu’à faire la fête, à danser, à s’embrasser, à s’échanger toute sorte de fluides, pas glaciaux du tout, quand un sombre connard a décidé que cela ne lui plaisait pas, que trop de vie, trop de liberté, trop de joie ne sauraient seoir à l’idée foireuse qu’il se faisait d’un « dieu » sourcilleux et méchant comme un âne rouge, de qui il voulait probablement se faire « bien voir » en semant la mort…

 

En revoyant ces photos, j’en choisis une que je place en tête. On y voit, dans un cortège bariolé et des plus bordéliques, un jeune homme souriant, portant des antennes au bout desquelles sont piquées des boules oranges, balançant une poignée de confettis multicolores sur une jeune femme en soutif vert pastel, et suivi par un gars en bas à jarretière et en marcel. Et je trouve le tout éminemment réjouissant… Et ce que cela veut dire est d’une grande solidité : non tuable.

 

Et je me dis que l’attaque aux confettis aura raison de toutes celles qui veulent notre peau.

 


 

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