Mathilde Dahlia

Photo © Thierry Bellaiche

 

 

Moi qui n’aime pas trop montrer ma trogne (dans la « vie réelle », un certain embarras à apparaître, comme si j’étais réticent à « faire impression » sur la rétine de mes congénères, et sous l’œil globuleux d’un objectif photographique, n’en parlons pas…), je me suis souvent demandé pourquoi, comment, enfin par quelle « don » particulier certaines personnes arrivent à toujours bien « passer » en photo, même quand, à l’instant du déclic, on pourrait inférer de leur posture inconvenante ou d’un éclairage rudimentaire braqué en leur direction qu’elles n’apparaîtront pas à leur avantage. Or, concernant ces personnes au don mystérieux, l’on se trompe toujours en inférant quoi que ce soit qui conclurait au préjudice de leur image photographique. Elles parviennent toujours à déjouer les plans sournois, très imaginatifs et très tenaces, de hasards malveillants, ou les approximations de photographes improvisés (c’est-à-dire à peu près tout le monde aujourd’hui) qui se foutent pas mal de savoir si leur sujet sera, sinon valorisé – n’en demandons pas trop –, du moins respecté par leur désinvolte et compulsif déclic. Et en déjouant ces plans ou ces approximations (sans même, d’ailleurs, le chercher vraiment, tant nous avons affaire là à une disposition naturelle et non réfléchie), ces personnes s’en sortent toujours avec les honneurs, conservant dans les images les moins propices toute leur grâce innée…

 

Cette photo, sans être (loin de là) une « belle photo » (et j’en suis – mea culpa ! – le seul responsable !), la représente, je crois, assez bien : rigolarde sans être ridicule, jolie sans sophistication, dans la fête sans en devenir la caricature, quand d’autres n’y donnent dans l’excès ou le saugrenu que par faiblesse, inconsistance ou besoin pathologique de s’exhiber, que ce soit aux yeux des autres ou pour la gourmandise libidineuse d’un objectif de passage…

 

Oui, malgré la relative pauvreté de ce cliché que j’avais coupablement réalisé dans le seconde partie d’une fête dont j’avais passé la première partie à m’alcooliser, histoire d’être bien certain de foirer toutes mes dernières photos (ce qui n’est certes pas une excuse mais un simple rappel des faits…), c’est bien elle, Mathilde Dahlia, ma sœur, dont la présence, dans la vie comme sur les photos, par la grâce d’un don assez rare, arrive toujours à déjouer les plans de circonstances défavorables ou les attaques intempestives de regards brouillons…

 

Et comme c’est son anniversaire aujourd’hui, je voulais lui faire le modeste « don » de cet Impromptu, qui cependant ne vaut pas, bien loin de là, le don qu’elle possède, et qui s’appelle la grâce… (et encore pardon pour la photo !)

 


 

Autres Impromptus...

No Comments