A l’origine…
Ma pomme, années 70, déjà en « mode réalisateur », dans un bon vieux « tirage double » de chez Kodak…
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« Un film de… »
Je ne puis me souvenir très exactement du moment où j’ai désiré, puis voulu devenir réalisateur. De la période, en revanche, oui, je m’en souviens. C’était il y a longtemps. Enfin, « longtemps », si l’on considère que l’enfance, quelque soit l’avancement de notre âge adulte (même encore raisonnablement juvénile…), nous paraît toujours – et toujours trop rapidement – lointaine, comme reléguée dans un passé inaccessible, séparé de nous, séparé de tout, presque un passé de légende… Notre passé premier, le temps de notre enfance… ou la légende que nous en fabriquons avec le temps.
Cependant, à l’intérieur de cet espace dont les traits et les faits tendent à s’estomper, dans cette contrée peu à peu gagnée par la dilatation des lignes et l’évaporation des reliefs, je me rappelle encore une chose précise. Plus exactement, une question précise. Et puis cette simple question finit par devenir un questionnement fébrile, ardent, objet d’une véritable quête ou tout au moins, étant donné mon jeune âge d’alors, d’une enquête.
Un certain jour de mon enfance, donc, déjà amateur (et glouton) de films, séduit par leurs fantasmagories, retenu par leur pouvoir d’affabulation, mais aussi (allez savoir pourquoi…) observateur de leurs formes, attentif à leurs procédés, et accessoirement, curieux des génériques ou des affiches qui les signalaient ou les représentaient, je me suis posé cette question : que peut bien signifier le libellé si souvent repéré sur les affiches ou dans les génériques : « Un film de… » ? Que pouvait bien signifier ce « de » derrière lequel figurait le nom d’une personne ? Etait-ce que le film en question appartenait à cette personne, comme lorsque j’entendais dire « La voiture de Gérard » ou « La poupée de la petite Catherine » ? Etait-ce que cette personne dont le nom phagocytait à lui seul toute la redoutable portée de la préposition d’appartenance « de », était-ce que cette personne, donc, avait « fait » le film toute seule ? Etait-ce que cette seule personne pouvait se prévaloir d’une possession, d’une exclusivité, d’un droit intégral non seulement de propriété, mais de création du film ?
Je me suis alors mis à poser des questions. A qui je pouvais. A qui voulait bien me répondre. Ou à qui pouvait. Aux grandes personnes. Celles qui étaient censées savoir…
Peu à peu (les enfants emmerdent le monde avec leurs questions, et ils ont bien raison…), à force d’interroger à droite à gauche, parents, instituteurs, parents des amis, amis des parents, enfin tout ce que je pouvais trouver de « plus grand que moi », j’ai fini par comprendre que ce fameux « de » dans l’expression « Un film de… », était sinon une escroquerie, du moins un signe d’appartenance exclusive légèrement excessif, qui dissimulait en réalité une foule (certes plus ou moins fournie selon les tournages et les productions) d’autres personnes qui, chacune à leur façon, faisaient le film avec celui dont le nom suivait seul le mystérieux « de »… Même si cette personne créditée seule de la propriété du film devait avoir un rôle bien particulier : chef, ou quelque chose dans le genre…
D’où je concluais (car je continuais d’aimer passionnément les films) que c’était ce que je voulais faire dans la vie : travailler avec d’autres, avec une équipe, « vivre des aventures » avec elle, pour tenter, à travers cette micro-société, et grâce à elle, de restituer une vision des choses qui me serait propre…
Plus tard, à travers hauts et bas, lignes gracieuses et contournements tortueux, bonnes fortunes et vents contraires, j’ai « fait » des films… Certains par vocation ou par volonté, d’autres parce qu’un hasard (le plus souvent heureux) me les apportait, mais tous je les ai aimés également, plus exactement j’ai aimé en vivre les aventures, de la même façon que j’ai aimé ceux qui les ont partagées avec moi. Car je n’ai jamais oublié le premier questionnement de mon enfance, et le fruit de ma petite d’enquête d’alors : dans le « de » qui m’attribue ces films, se trouvent tous ceux qui les font véritablement, et avec qui j’ai toujours le même bonheur et la même reconnaissance de travailler…
Sonovitch 19 avril 2016 (12 h 17 min)
Bien (d)écrit, mon salopiot
À qui est cette énorme paire de pompes sur la photo ?
Et sinon, on ne dit pas réaliser, on dit se rendre compte (tu imagines déjà les implications de la signification littérale de l’affaire).
Mais dit-on : Il était une fois dans l’ouest, un film rendu compte par Sergio Léone ?
On devrait éventuellement parler de compte rendu à l’histoire de l’art, et donc un conte, rendu immortel par le maestro.
bon, ben, salut
thierrybellaiche 19 avril 2016 (15 h 20 min)
Pas mal, pas mal, j’avais déjà réalisé (depuis le temps…) l’étendue de ton talent, je me rends compte maintenant qu’il n’est pas encore à l’ouest, fût-ce une fois…
Les pompes, c’est celles de mon père, et cependant, je n’ai pas marché dans ses pas…